Rendre le patient acteur de ses soins

L’obésité est une maladie chronique potentiellement grave. L’accepter, lutter contre et maintenir le résultat est un parcours long et difficile mais accessible à tous si l’on est bien accompagné.

Une personne vivant avec une obésité a besoin de motivation
pour enrayer le processus morbide.

Etre motivé, nécessite de comprendre ce qui se passe, reprendre confiance en soi et acquérir les connaissances et les compétences qui permettent de prendre soin de son corps de façon adéquate.

« J’ai eu envie de me prendre en charge à partir du jour où je suis devenu dépendant, je ne pouvais plus conduire la voiture, aller faire des courses dans un magasin, m’occuper de ma famille, voire des amis, je devenais reclus.  A la suite d’un accident d’escalier qui m’a immobilisé un an, j’ai pris plus d’ampleur : je suis passé très vite de 140 à 180 puis de 180 à 200 kilos. »

Jean-Yves, 61 ans, vit avec une obésité depuis 4 ans.

Perception altérée du schéma corporel, déni de réalité, nombre de personnes obèses ne se voient pas gros « à ce point là ». Pour le médecin la difficulté commence à l’annonce du diagnostic : il doit initier sans culpabilisation, une prise de conscience. Bien que les recommandations officielles préconisent un accompagnement fondé sur les principes de l’éducation thérapeutique, peu de soignants en France sont formés à cette pratique.

«  Avec les médecins et les soignants, il est difficile d’avoir des réponses sur ce qu’on est, ce qu’on a, comment il faut réagir …  on vous prend pour un neu-neu tout simplement. Aujourd’hui, à la clinique, c’est différent, on vous explique le pourquoi du comment et c’est hyper important, d’abord on se sent valorisé. Quand on est valorisé on a envie de faire des efforts et ça permet de tenir le coup.  »

Jean-Yves

Certains soignants pensent faire de l’éducation thérapeutique, alors qu’ils ne font qu’expliquer les complications, les principes diététiques de base et conseiller sur l’activité physique. L’éducation thérapeutique c’est beaucoup plus : un véritable changement de paradigme médical grâce auquel les soignants sont des artisans au service de patients devenus les maitres d’œuvre de leur traitement. Les études montrent que cela permet de diminuer notoirement la survenue de complications et d’améliorer grandement la qualité de vie.

L’obésité, une maladie complexe nécessitant un regard pluriel.

Souvent les patients sont pris dans une spirale d’échec : seuls face à la menace de complications graves, incompétents faute de savoir et d’accompagnement, culpabilisés de leurs échecs successifs, découragés devant l’ampleur d’une tâche qui paraît insurmontable. Des soignants informés, formés et motivés, groupés en réseau (médecin généraliste, psychologue, nutritionniste, diététicien (ne), professeur d’activité physique adaptée, et d’autres intervenants à la demande : psychiatre, ergothérapeute, arthérapeute…) sont la clé d’une prise en charge réussie.

« Impossible de marcher quand on pèse 200 kg ! Assis toute la journée, la fonte musculaire s’aggravait. En 2013, j’ai bénéficié d’une prise en charge globale et perdu 70kg. J’ai repris le goût de vivre, je revois les amis, je me ré-occupe de la famille, je sors, j’ai repris une vie sociale et ça motive pour continuer ».

Jean-Yves se déplaçait en fauteuil roulant.

Eviter les rechutes est peut-être plus difficile encore que de perdre du poids. Ce n’est possible qu’en maîtrisant les causes qui ont conduit à l’obésité. Souvent cela implique d’avoir dépassé la souffrance et redonné du sens à sa vie. Un processus long.

« J’avais une addiction à la nourriture…même quand on est pris en charge, il y a des grands moments de découragement… il faut une telle volonté que tout seul je pense que c’est quasiment impossible. »

Jean-Yves

Il faut éviter de dramatiser les rechutes, il est normal d’échouer avant de réussir. Mais il faut que ces erreurs servent à comprendre de quelle aide on a besoin pour aller plus loin.

« Après plusieurs années, j’avais encore tendance à grossir alors j’ai accepté de me faire aider psychologiquement et j’ai maigri rapidement en suivant des ateliers de psychologie différents les uns des autres et en consultant un psychiatre; »

Danièle, 69 ans, lutte contre l’obésité depuis 15 ans.